La vaste place centrale et emblématique de Toulouse, celle de tous les grands rassemblements populaires, ne date que des XVIIIème et XIXème siècles. Conçue pour mettre en valeur la monumentale façade de l'hôtel de ville, elle compte parmi les plus célèbres places de France.
Depuis fort longtemps les capitouls avaient l'envie d'une grande place en face de leur Capitole. Perpétuellement confrontés à l'opposition du Parlement de Toulouse, en 1676 ils demandèrent l'accord de Louis XIV en lui promettant une statue à son effigie sur la nouvelle place. Voilà donc la Place Royale de Toulouse sur les rails, mais bien plus restreinte que de nos jours et... dont on attend toujours la statue du roi.
Vers 1760 avec l'achèvement de la nouvelle façade de l'hôtel de ville dessinée par Guillaume Cammas, la volonté de lui adjoindre une place digne d'elle se fit plus pressante. C'est selon un plan antérieur de Pierre Rivalz que la place actuelle commença à être enfin déblayée en 1792.
Les bâtiments qui la bordent furent dessinés par Jacques-Pascal Virebent, et les travaux se déroulèrent de 1809 à 1850, en plusieurs phases mais toujours avec un souci d'uniformisation.
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Le Capitole est le siège du pouvoir municipal depuis plus de huit siècles, la façade du Capitole a été bâtie à partir de 1750 pendant dix ans sur les plans de Guillaume Cammas, elle fait 128 mètres de long et 23,30 mètres de haut au fronton.
La croix du Languedoc qui orne depuis 1995 le centre de la place de ses 20 tonnes de bronze est l'oeuvre de l'artiste Raymond Moretti. L'histoire dit que le comte de Toulouse Raymond IV choisit cette croix comme emblème en partant en croisade en 1095, depuis elle fut le symbole du comté de Toulouse, puis de la province du Languedoc qui lui succéda, avant d'être de nos jours l'emblème de la région Midi-Pyrénées et, bien au-delà, de l'Occitanie.
Raymond Moretti est également l'auteur de la "Galerue", série de 29 dessins sous les arcades qui raconte l'histoire de Toulouse :
Par exemple, ici le martyre de Saint Saturnin :
Les capitouls et leur robe rouge et noire, avec des tours capitulaires en arrière-plan :
Clémence Isaure, symbolisant l'académie des Jeux floraux :
Le pastel et sa teinture bleue qui fit la fortune de Toulouse au XVIème siècle :
La décapitation du duc de Montmorency dans la cour du Capitole :
L'architecture et la brique, sujet qui nous intéresse particulièrement ici :
Dans un angle de la place, l'hôtel du Grand balcon est bien connu des passionnés d'aviation, c'est là en effet que logeaient les pilotes de l'époque héroïque de l'Aéropostale : les Saint-Exupéry, Mermoz, Guillaumet... une belle page de la longue histoire de l'aéronautique à Toulouse :
De prestigieux cafés bordent la place, tel le Florida depuis 1874 avec son décor Belle époque :
Et comment ne pas parler du Bibent, présent depuis 1882 sur la place du Capitole ? Son décor Belle époque, refait récemment, vaut à lui seul le détour. Une anecdote en fait également un lieu d'histoire, puisque c'est à sa terrasse qu'en janvier 1914 trois étudiants nationalistes serbes fomentèrent le plan visant à assassiner à Sarajevo l'archiduc d'Autriche François-Ferdinand, un événement qui allait déclencher la première guerre mondiale :
Le grand hôtel de l'Opéra est situé sur le site de l'ancien collège Saint-Martial fondé en 1359 par le pape Innocent VI. C'est ensuite un théâtre qui s'est installé et dont il reste quelques vestiges de décors en terre cuite :
Toute manifestation à Toulouse se tient naturellement sur la place du Capitole, qu'elle soit politique, culturelle, ou populaire :