Les édifices religieux

Qui sait que Toulouse est la deuxième ville d'Europe pour le nombre de reliques, après Rome ? La plupart d'entre elles sont à Saint-Sernin, richement dotée dès Charlemagne. C'est également à Toulouse que saint Dominique fonda en 1215 l'Ordre des frères prêcheurs, vite appelé à essaimer et à devenir l'un des piliers de l'église catholique, et dont les membres sont plus connus sous le nom de « dominicains ».

Avec un tel pedigree il n'est pas étonnant que la ville, siège des comtes de Toulouse dont le territoire s'étendait jusqu'aux rives du Rhône, puis capitale historique de la province royale du Languedoc dont elle accueillait le parlement, ait attiré de nombreux ordres religieux qui la couvrirent de clochers au point qu'elle fut surnommée « Toulouse la sainte ». Au XVIIème siècle, l'emprise de la centaine d'églises ou de chapelles et de la soixantaine de couvents occupait 41% de la superficie de la ville ! Nombreux parmi ces monuments furent ceux qui disparurent au long des siècles, mais nombreux aussi sont ceux qui survécurent et constituent toujours l'un des fleurons de notre patrimoine architectural.

Si de nombreux édifices religieux de Toulouse présentent un grand intérêt, deux toutefois se démarquent par leur caractère exceptionnel : la basilique Saint-Sernin et le couvent des Jacobins.

Enfin, vous en verrez souvent sur les photos : Toulouse possède une des plus belles collections d'orgues d'Europe, dont le plus fameux est le grand Cavaillé-Coll de la basilique Saint-Sernin. Chaque année en octobre ce patrimoine est mis en valeur lors du festival "Toulouse les orgues" qui attire les organistes du monde entier.

Je ne vous montrerai ici qu'une petite sélection d'églises de brique parmi toutes celles que compte Toulouse, et pour ne rien arranger je les traite de manière assez superficielle, mais il faudrait un site entier et plus de persévérance que je n'en ai pour leur donner la place qu'elles méritent.




Avant d'aller plus loin dans la visite, un petit rappel historique s'impose

En effet certaines notions géographiques évoquées ici sont à comprendre dans leur sens historique. Ayant pourtant existé ainsi pendant de nombreux siècles, elles ne recouvrent pas le sens qu'elles ont de nos jours pour la majeure partie des Français.

Toulouse avait déjà une riche histoire avant le Moyen âge, de sa fondation par les Romains à son titre de capitale du royaume wisigoth pendant un siècle, avant que les Francs ne vainquent ces derniers qui se réfugièrent en Espagne et à Tolède.

L'histoire des monuments que vous verrez ici commence à l'époque des comtes de Toulouse, chargés par Charlemagne d'administrer et défendre ce territoire aux marches de son empire. Pendant des siècles le comté de Toulouse s'étendit de la Garonne au Rhône, et à un moment de leur histoire les comtes de Toulouse glanèrent également le titre de marquis de Provence (il ne s'agissait que d'une petite partie de la Provence, voir carte). Ceci explique que dans les chroniques de la première croisade, celle qui conquit Jérusalem, on désigne les troupes du comte Raymond IV sous le nom de "Provençaux", car si la plupart de ses hommes étaient Languedociens plutôt que Provençaux, lui-même était originaire de Saint-Gilles, sur le Rhône. Avec le temps et l'éloignement du pouvoir royal, les comtes de Toulouse avaient gagné une large indépendance et le comté fonctionnait comme un territoire autonome, quoique fractionné car certains vassaux puissants comme les Trencavel à Carcassonne s'étaient eux-mêmes affranchis de la tutelle des comtes de Toulouse.

Aux XIIème et XIIIème siècles le catharisme se propagea dans ce territoire réputé pour la tolérance de ses comtes. C'est à la suite d'une réunion entre catholiques et cathares dans la région d'Albi en 1165 - appelée Concile de Lombers - que l'Eglise de Rome prit conscience du danger, c'est là sans doute la raison pour laquelle la lutte pour extirper cette hérésie prit le nom de "Croisade des albigeois" (il paraît qu'il faut une initiale minuscule car ce n'étaient donc pas particulièrement des Albigeois). Mais tout autant que la religion cathare c'est bien le pouvoir des comtes de Toulouse qui était visé. Après une lutte épuisante des barons du nord contre ceux du sud, c'est la Couronne de France, intervenue sur le tard, qui ramassa le butin et imposa sa suzeraineté au comte Raymond VII en 1229. En 1270 le comté de Toulouse disparut avec la dernière héritière de la lignée des comtes, mariée au frère du roi, et forma l'essentiel de la province royale de Languedoc qui allait voir le jour au siècle suivant. Toulouse naturellement en devint la capitale historique, bien que son rôle d'administration de la province dût de plus en plus, au fil des siècles, être partagé avec Montpellier.

Jusqu'à la Révolution qui abolit les provinces le Languedoc fut donc bien autre chose que l'idée que les gens en ont aujourd'hui, idée formée sur le tard avec la naissance des régions dans les années 1960. Vous ne vous étonnerez donc pas de voir Toulouse qualifiée de ville languedocienne, le fait qu'elle se soit trouvée au coeur de mille ans d'histoire pas si lointaine l'explique amplement. Nos voisins espagnols ont su mieux que nous garder les racines de cette histoire puisque Toulouse y est aussi appelée « Tolosa de Lenguadoc », même si ce nom n'y est plus guère en usage.


Les grandes églises

Les grands couvents

Les chapelles peintes

Les autres églises de brique



A l'arrière-plan de cette photo se dressent les deux clochers qui servirent de modèles aux clochers du gothique méridional : le clocher octogonal de Saint-Sernin (1270 pour la partie haute gothique avec ses arcs en mitre), au style hérité de l'époque romane (les deux premiers étages du clocher), et le clocher-mur de Notre-Dame du Taur vu de profil (XIVème siècle), qui servit de modèle pour les églises plus modestes :
Ancien hôtel de Reste